L'accompagnement de l'OiEau en Martinique : Interview d'Yvon Pacquit, Président, et de Judes Christine, Directeur Général (ODYSSI)

Publié le 12/01/23

L'OiEau accompagne depuis 2019 ODYSSI, la Régie Communautaire de l’Eau et de l’Assainissement du centre de la Martinique, dans la gestion de sa clientèle. Yvon Pacquit, Président du Conseil d'Administration, et Judes Christine, Directeur Général, ont répondu à nos questions à l'occasion d'une visite en novembre 2022 (Paris).

Pourriez-vous présenter ODYSSI et ses missions ?

Judes CHRISTINE : Nous sommes la Régie Communautaire de l’Eau et d’Assainissement de la CACEM, qui est une communauté d’agglomération au centre de la Martinique, composée des villes de Fort-de-France, Schœlcher, Lamentin et Saint-Joseph. C’est une régie qui a un service public industriel et commercial. Elle est publique et a l’avantage d’avoir une gestion mixte, puisque le plan de comptes est plus proche d’une entreprise privée. Les compétences sont domiciliées à la CACEM, qui détient le pouvoir politique, et l’ODYSSI en tant qu’opérateur, est la structure qui gère. L’ODYSSI est une personnalité juridique mais demeure considérée comme une extension de la CACEM.

Quels sont les principaux enjeux de la gestion de l’eau en Martinique ?

Yvon PACQUIT : Le cœur de notre mission, en une phrase, c’est de fournir aux usagers de la Martinique, mais principalement à ceux de notre communauté d’agglomération, une eau de qualité, en quantité suffisante et surtout, régulièrement. Bien évidemment, il faut que cette eau soit économiquement accessible. C’est ce que l’usager attend de nous : fournir un accès à une eau potable, tous les jours,  sans fuite ou coupure, et à un tarif accessible. Quantité, qualité, accessibilité, régularité : derrière ces mots, il y a d’autres problématiques qui émergent : la disponibilité de la ressource, le traitement des eaux, les réseaux de distribution, les fuites, les modalités de la tarification par exemple.

Quel est le périmètre d’ODYSSI ? Comment sont répartis les usages de l’eau en Martinique ?

Y.P. : L’ODYSSI est une Régie Communautaire de l’Eau et de l’Assainissement : nous travaillons sur la Communauté d’Agglomération du Centre de la Martinique (CACEM), qui est le poumon économique de l’île. Cela représente environ 150 000 personnes, sur une population totale de 380 000 habitants, mais aussi de nombreuses activités économiques.

La distribution de l’eau potable sur l’ensemble de la Martinique, représente environ 76 % des usages, la partie agricole représente environ 21 %. 

Pour toute la Martinique, on compte entre 40 et 50 millions de m2 d’eau prélevés chaque année.

Notre mission au sein de la CACEM est de répondre aux enjeux propres à la communauté d’agglomération, mais nous avons une sensibilité à tout le territoire de la Martinique. 

En termes de population, il s’agit de 380 000 d’habitants, géographiquement, c’est 10 km de long, 40 km largeur : il y a donc une forte densité. 

Sur un tel périmètre, l’organisation administrative doit correspondre à cette réalité géographique. Cependant, il peut y avoir une inadéquation entre ces dernières. L’organisation administrative est basée sur le modèle de la France métropolitaine, en dépit du bon sens, compte tenu du périmètre. 

Le découpage institutionnel et administratif n’est peut-être pas le plus pertinent en termes d’efficacité et de performance fonctionnelle et opérationnelle. Ainsi, comment faire en sorte que la gouvernance de l’eau sur notre territoire corresponde aux enjeux auxquels nous tentons de répondre (quantité, qualité, régularité, accessibilité) ? Lorsqu’il y a plusieurs instances qui définissent des règles sur un territoire aussi restreint, l’économie de cette coordination pourrait être faite, puisque l’objectif est commun : faire en sorte que la gouvernance réponde aux enjeux essentiels, pour le bénéfice des usagers.

Quel est l’accès aux ressources en eau en Martinique ?

Y.P. : Les ressources en eau sont importantes (environ 2,7 milliards m2) en terme de pluviométrie. 

Nous exploitons à 90 % l’eau des rivières, mais très peu les eaux souterraines. Néanmoins, nous devrions développer davantage l’exploitation de ces eaux, car nous n’avons pas suffisamment d’eau lors des saisons sèches. Une centaine de réserves souterraines potentielles ont été détectées par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières mais elles ne sont pas encore exploitées. 

En saison humide, nous avons le problème inverse : il y a trop d’eau qui arrive dans les usines de potabilisation. 

Des solutions sont envisagées : mais, par exemple, construire des barrages aurait des conséquences néfastes sur l’écosystème. 

Il faudrait peut-être augmenter les infrastructures pour augmenter la capacité de potabilisation. La gouvernance et la coordination devraient permettre une meilleure soudure entre les deux saisons. Les infrastructures gagneraient à être modernisées. Les usines de potabilisation sont autonomes, mais les canalisations sont anciennes, les remplacer coûte cher. Le renouvellement des réseaux souterrains de la Martinique nécessite des investissements importants, de l’ordre de 300 millions d’euros ainsi qu'une capacité d’absorption des équipes. 

Un tel projet s’étalerait sur une dizaine d’années. 

De plus, il faut que le cadre juridique autorise cette optimisation. Cette discussion est ouverte.

En quoi consiste le travail mené avec l’OiEau ? Quels types de formation vont répondre aux besoins de l’ODYSSI ?

J.C. : À la suite d’un marché public, l’OiEau a été choisi. 

Cette collaboration nous a permis de finaliser notre plan de transformation. 

Nous avons notamment effectué un travail sur la gestion de la clientèle. Nous avons défini des marchés subséquents, qui sont en train d’être finalisés pour les trois prochaines années, avec un plan de transformation pour ODYSSI, dans lequel l’OiEau nous accompagne, aussi bien sur les aspects « clientèle », que sur les aspects d’exploitation. Dans ce cadre-là, nous aurons un expert qui accompagnera les équipes sur les aspects managériaux et techniques, par le biais de formations ainsi que d’un certain nombre d’outils mis à disposition par l’OiEau.

En termes de formation, nous avons des besoins sur la gestion patrimoniale, la recherche de fuites, la régulation des réseaux, la mise en place d’une salle de supervision… Sur tous ces aspects, nous bénéficierons de l’accompagnement de l’expert de l’OiEau mais aussi d'environ 117  formations qui seront mis en place en Martinique, sur les prochaines années.

De manière concrète, quel a été le coeur de de la collaboration avec l’OiEau sur la gestion de la clientèle ?

J.C. : Par exemple, la première phase de travail sur la gestion de la clientèle a donné lieu à un diagnostic des fichiers et à un plan d’actions, qui a été présenté au président du Conseil d’Administration de l’ODYSSI. 

Il nous a permis de commencer à prendre des décisions et à mettre en place des mesures correctives. Ce plan d’actions sera tout le long évalué, de sorte que nous soyons en capacité de voir les points sur lesquels nous avons progressé.

Je prends le cas des compteurs bloqués : nous en comptions environ 7 800. 

Depuis notre travail avec l’OiEau, nous en recensons aujourd’hui plus que 3 500, grâce aux mesures mises en place. Nous poursuivons aujourd’hui ce travail avec l’OiEau.

Quelques exemples de projets

CARIBSAN - Coopération inter-caraïbe pour la valorisation des Filtres Plantés de Végétaux (FPV) pour le traitement des eaux usées
AMÉRIQUE LATINE & CARAÏBES - France, Dominique, Cuba, Sainte - Lucie
Juin 2021-Décembre 2022 (phase I)
Union Européenne (INTERREG Caraïbe), Agence Française de Développement, Office de l’Eau Martinique, Office de l’Eau Guadeloupe, Institut national de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE), Institut National des Ressources Hydrauliques de Cuba (INRH), l’association caribéenne de l’eau et de l’assainissement (CAWASA), les sociétés de gestion de l’eau et de l’assainissement de Sainte-Lucie (WASCO) et de la Dominique (DOWASCO).
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BIO - PLATEAUX - Phase 1
AMÉRIQUE LATINE & CARAÏBES - Brésil, France, Suriname - Bassins versants du Maroni et Oyapock
Juillet 2019 - Avril 2022
Office de l’Eau de la Guyane, DEAL, CNES, CTG
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Guyane - SDAGE
AMÉRIQUE LATINE & CARAÏBES - France - Guyane
Décembre 2019
Office de l’Eau de Guyane
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Réf : SK041

Gestion d'un parc compteurs

4 jours

Présentiel

Limoges

1960 € HT

par participant

Prochaine session le 16/09/2024

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Réf : SC042

Gestion patrimoniale des réseaux d'eau

4 jours

Présentiel

Limoges

2200 € HT

par participant

Prochaine session le 09/12/2024

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Réf : SC010

Recherche de fuites et de canalisations enterrées

4 jours

Présentiel

Limoges

1784 € HT

par participant

Prochaine session le 17/06/2024

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