Sécheresse, gestion de l'eau et environnement : les experts de l'OiEau témoignent !

Publié le 03/06/22

Avec le changement climatique, l'augmentation des températures et l'évaporation, les phénomènes de sècheresses sont voués à s'intensifier dans les années à venir à échelle globale. Comment une meilleure gestion de l'eau parviendra à faire face à ce risque? Quel rôle donner à la Nature? Pourquoi intensifier la production de la connaissance et la récolte de données sur l'eau ? Comment mieux sécuriser les approvisionnements ?

La sécheresse a un impact réel sur les milieux naturels. On évoque généralement cinq conséquences : l’asséchement général avec impact direct sur la biodiversité, la fragmentation des milieux où la dispersion de « poches d’eau » va empêcher certaines espèces d’accéder à leur habitat, l’augmentation de la température de l’eau, la dégradation de la qualité de l’eau avec une concentration plus importante des pollutions, et la prolifération de certains végétaux. Pour agir contre ces phénomènes, nous priorisons les actions de "ralentissement" du cycle de l’eau, notamment à travers le maintien de zones humides. Si l’eau s’écoule lentement, elle s’infiltre en effet mieux dans le sous - sol. Prendre en compte les milieux naturels pour réduire les risques liés à l’eau fait partie des sujets que nous défendons à échelle internationale à travers nos différents réseaux, tel que le Réseau International des Organismes de Bassins. Avec l’ONG The Nature Conservancy nous portons notamment la déclaration « eau et nature » qui insiste sur l’interdépendance entre l’eau et les milieux naturels pour réduire les risques de sècheresses et le déficit quantitatif. Promue à Dakar durant le 9e Forum Mondial de l’Eau, notre objectif est de l’inscrire au sein de la Convention des Nations Unies sur l’eau en 2023 pour rappeler aux acteurs internationaux que préserver la nature est indispensable à une bonne gestion de l’eau, et vice-versa.
Maxime Fouillet

Médiateur scientifique "Eau et Nature"

Mieux comprendre les phénomènes de sécheresse fait partie des compétences visées au sein de nos formations. Nous cherchons surtout à appréhender, d’un point de vue quantitatif, l’évolution des nappes d’eau et les différents types de circulations qui existent en fonction de la nature des roches et de la pluviométrie. Par exemple, les nappes qui disposent de roches sédimentaires sont souvent plus perméables en grand, car plus poreuses et par conséquent peuvent être moins concernées par la sécheresse que par les usages responsables des prélèvements. Au contraire, les nappes qui ont des roches cristallines comme on peut le voir dans le Massif armoricain ou le Massif Central, sont plus petites, plus nerveuses,et particulièrement vulnérables aux phénomènes climatiques. Face au contexte actuel, bien connaitre la ressource est primordial, mais comprendre également les usages, prélèvements, (industrie, agriculture, eau potable..) et les systèmes d'acteurs concernés est nécessaire si l’on veut parvenir à une réelle gestion durable de la ressource en eau.
Vincent Raspic

Chargé de formation et d'études "production d'eau potable et ressource"

L’OiEau est un acteur de référence pour informer sur les risques de sécheresse à l’échelle nationale. Chaque mois, nous publions le « bulletin national de situation hydrologique » qui décrit l’état des ressources en eau sur le territoire métropolitain. Constitué d’un ensemble de cartes, de graphiques d’évolution et de leurs commentaires, ce bulletin constitue le seul document, en France, qui permet de rassembler des informations variées sur la situation quantitative des ressources en eaux de surface et en eaux souterraines. Grâce aux différents producteurs/ partenaires, OFB, BRGM, DREAL, SCHAPI, EDF, EPTB Seine Grands Lacs, Météo-France, Ministère de la Transition écologique (Direction de l'eau et de la biodiversité) et VNF, nous sommes en mesures de compiler des données variées qui permettent aussi bien d’évaluer l’état du manteau neigeux que la pluviométrie, le débit des cours d’eau ou encore l’état de remplissage des barrages. Ce bulletin est un réel outil d’aide à la décision car il permet aux institutions publiques nationales et locales d’avoir un document support donnant une vision globale de la situation hydrologique et ainsi prendre des mesures adaptées à la gestion de la ressource en eau.
Florine Leveugle

Ingénieure Qualité et Modélisation de données

Dans un contexte de sécheresse et de changement climatique, la sécurisation de l’accès à l’eau s’avère primordiale. A l’OiEau, nous tâchons de promouvoir une approche intégrée de la ressource en eau, multi - thématiques et multi-acteurs. Pour préserver la ressource, il faut s'intéresser à l'ensemble des usages et à l'ensemble des acteurs des territoires. Concernant spécifiquement l'eau et l'agriculture, nous nous intéressons à la protection de la ressource via les démarches de protection des captages (lutte contre les pollutions diffuses) mais également via les leviers disponibles pour limiter les besoins (leviers agronomique). Au-delà des techniques d’irrigation, il existe par exemple de nombreuses solutions pour diminuer les besoins en eau des plantes tels que l'amélioration de la structure des sols, la modification des itinéraires de cultures.
Simon Barreau

Chef de projet "Eau et Agriculture"