L’OiEau au cœur du renforcement de la GIRE au Cambodge
Depuis plus de dix ans, l’Office International de l’Eau (OiEau) accompagne les acteurs cambodgiens dans la mise en œuvre d’une Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) adaptée aux réalités institutionnelles, territoriales et socio-économiques du pays. Le projet de coopération pour la gestion intégrée des ressources en eau dans le bassin du Stung Sen est aujourd’hui engagé dans sa seconde phase.
Un bassin pilote pour la GIRE au Cambodge : le Stung Sen
Sélectionné en 2012 comme bassin pilote national, le Stung Sen a bénéficié d’un accompagnement structuré autour de trois piliers fondamentaux de la GIRE :
- la formation et le renforcement des capacités
- la planification et la gouvernance par bassin,
- la production, le partage et l’appropriation des connaissances.
Avec l’appui de l’OiEau, le projet a permis la création d’un comité de bassin, soutenu par un secrétariat technique et des groupes de travail thématiques, favorisant une gouvernance participative associant autorités nationales, provinciales et acteurs locaux. Les travaux menés ont conduit à une meilleure caractérisation du bassin, à l’identification des enjeux liés à la ressource et à l’élaboration d’un plan d’action opérationnel.
Le premier cycle du projet (2016-2021) s’est conclu par une évaluation complète, la mise en place d’un tableau de bord et d’un rapport de synthèse, et la production de guides méthodologiques, aujourd’hui mobilisés pour appuyer la montée en puissance de la GIRE à l’échelle nationale.
Une deuxième phase pour répondre à de nouveaux défis
Le bassin du Stung Sen connaît une évolution rapide des usages, de l’occupation des sols et du développement territorial, dans un contexte de multiplication des initiatives nationales et internationales liées à l’eau potable, à l’irrigation et à la protection des milieux.
Grâce au soutien renouvelé des Agences de l’Eau Rhin-Meuse et Loire-Bretagne, cette deuxième phase vise à consolider les acquis, à renforcer les capacités institutionnelles et à valoriser les outils développés depuis plus d’une décennie pour répondre à ces nouveaux enjeux.
Une visite d’étude en France organisée par l’OiEau pour nourrir le dialogue entre bassins
Opérateur technique des Agences de l’Eau Rhin-Meuse et Loire-Bretagne, l’OiEau accompagne depuis l’origine l’Autorité du Tonle Sap dans la structuration et l’animation de la GIRE sur le bassin du Stung Sen, tout en alimentant la réflexion nationale cambodgienne.
Dans ce cadre, l’OiEau a organisé, du 3 au 11 décembre, une visite d’étude en France réunissant une délégation institutionnelle cambodgienne de haut niveau :
- M. Oeurng Chantha, sous-secrétaire d’État et président du secrétariat du Comité national de bassin du Cambodge,
- M. Lim Puy, vice-président de l’Autorité du Tonle Sap,
- Mme Prak Chanvoitna, coordinatrice du projet GIRE Stung Sen,
- les gouverneurs des provinces de Preah Vihear et Kampong Thom, président et vice-président du comité de bassin du Stung Sen.
À travers l’organisation de cette visite d’étude, l’OiEau a favorisé des échanges directs entre décideurs, techniciens et gestionnaires, autour de thématiques clés : gestion des eaux pluviales et des inondations, gouvernance par bassin, organisation des services d’eau potable, recherche du bon état écologique et financement pérenne de la gestion de l’eau. L’objectif ? Permettre à la délégation d’appréhender de manière concrète l’organisation institutionnelle française de la gestion de l’eau, fondée sur la solidarité de bassin et la coordination entre acteurs.
Bassin Rhin-Meuse : gouvernance, solidarité et gestion opérationnelle
La première semaine de la visite d’étude s’est déroulée sur le bassin Rhin-Meuse, principalement à Metz et à Strasbourg, et a été organisée en synchronisation avec la venue d’une délégation cambodgienne impliquée dans un projet de coopération décentralisée coordonné par Gescod, portant sur la construction de stations d’eau potable dans le bassin du Stung Sen et sur leur gestion à travers l’Association d’Eau Potable du Stung Sen (AEPSS). Cette organisation conjointe a offert une opportunité précieuse de renforcer la cohérence entre les approches institutionnelles et opérationnelles, en associant les différents niveaux administratifs et techniques concernés.
Les échanges ont notamment été nourris par la rencontre avec l’Établissement Public Territorial de Bassin (EPTB) Meurthe-Madon, qui a présenté son rôle dans la gestion concertée de l’eau à l’échelle de son territoire, ainsi que les mécanismes de gouvernance et de financement qui permettent d’assurer la pérennité de ses actions. La délégation a également pu visiter plusieurs ouvrages emblématiques illustrant des solutions concrètes de gestion des cours d’eau et des inondations, tels que des travaux d’effacement de seuils, la construction de digues et de chenaux de crue, ou encore la mise en place de zones de ralentissement dynamique des crues. Ces visites ont permis d’aborder de manière très opérationnelle les liens entre aménagement du territoire, prévention des risques et restauration des milieux aquatiques.
La participation de la délégation cambodgienne au comité de bassin Rhin-Meuse a constitué un temps fort de cette première semaine. Elle a été marquée par la signature d’un protocole d’accord entre l’Autorité du Tonle Sap, les Agences de l’Eau Rhin-Meuse et Loire-Bretagne, ainsi que les comités de bassin partenaires, formalisant la volonté commune de poursuivre et d’approfondir la coopération engagée de longue date. Cette séquence institutionnelle a été complétée par une réunion avec des acteurs français de la solidarité internationale intervenant ou souhaitant intervenir au Cambodge, favorisant le partage d’expériences et la mise en cohérence des initiatives. Enfin, la rencontre avec le Syndicat des Eaux et de l’Assainissement Alsace-Moselle (SDEA), incluant la visite de son siège et de ses infrastructures de maintenance, a permis d’illustrer l’organisation d’un service public de l’eau à grande échelle, ainsi que les enjeux liés à la mutualisation des moyens techniques et financiers.
Bassin Loire-Bretagne : prévention des inondations et outils de prévision
La seconde semaine de la visite d’étude, concernant uniquement la délégation institutionnelle cambodgienne, s’est déroulée sur le bassin Loire-Bretagne, à Clermont-Ferrand puis à Orléans. Elle a permis d’approfondir les échanges sur les politiques de prévention des inondations et sur les outils de gestion et de prévision des crues, dans un contexte où ces enjeux deviennent de plus en plus structurants pour les territoires, tant en France qu’au Cambodge.
À Clermont-Ferrand, les services de Clermont Auvergne Métropole ont présenté le Programme d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI) mis en œuvre à l’échelle métropolitaine, en détaillant son articulation avec les politiques d’aménagement du territoire et la gestion des infrastructures, notamment d’assainissement. La délégation a ainsi pu mesurer l’importance de la planification à long terme et de la coordination entre services pour réduire la vulnérabilité des territoires face aux événements extrêmes. La visite de la station de traitement des eaux usées de Clermont-Ferrand, ainsi que de plusieurs sites de renaturation de cours d’eau, a mis en lumière les bénéfices concrets d’une approche intégrée conciliant protection contre les inondations, amélioration du cadre de vie et restauration des milieux aquatiques.
La participation au comité de bassin Loire-Bretagne a constitué un autre moment clé de cette seconde semaine, avec la signature du protocole d’accord entre les partenaires français et cambodgiens, confirmant la continuité de la coopération. Enfin, la visite des services de la DREAL et de Vigicrues a offert à la délégation un éclairage approfondi sur les dispositifs français de surveillance, de prévision et d’alerte des crues, ainsi que sur le rôle structurant des grands ouvrages hydrauliques tels que les barrages de Naussac et de Villerest. Ces échanges ont permis de mettre en perspective les enjeux techniques, organisationnels et institutionnels liés à l’anticipation des risques hydrologiques et à la protection des populations.
Cette démarche s’inscrit pleinement dans l’ADN de l’OiEau : transférer des savoir-faire, mettre en réseau les acteurs et accompagner l’adaptation des modèles de gestion aux contextes locaux.