L’eau et l’assainissement dans les pays en développement : l’OiEau forme les intervenants WASH
Alors que le Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial vient de remettre sur le devant de la scène l’importance du soutien aux pays du Sud, notamment pour l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD) et l’adaptation au réchauffement climatique, il est important de rappeler que l’OiEau réalise des formations pour les professionnels de l’eau potable et de l’assainissement… également pour les pays du Sud !
Une nouvelle formation s’adresse en particulier aux responsables de projets Eau Potable, Assainissement, Hygiène des pays en développement (EPAH ou WASH en Anglais).
L’OiEau a inscrit dans le catalogue de son Centre de Formation une formation dédiée WASH qui permet de s'initier aux technologies et spécificités de l'Eau et de l'Assainissement dans les pays du Sud, et d’identifier les points clefs d'un projet de développement Eau – Assainissement.
Celle-ci s’adresse en priorité aux professionnels néophytes en matière d’EPAH - débutants ou venant d'un autre domaine par exemple – ou aux pros confirmés du secteur Eau Potable et Assainissement mais n'ayant pas l'expérience des pays du Sud.
Un de ses points forts : cette formation est basée sur les aspects techniques et les réalités du terrain. On y passe en revue par exemple les techniques de chloration sommaire, le traitement de l’eau à domicile, les pompes à motricité humaine, les modèles de latrines, les techniques de gestion des boues de vidange, mais aussi la promotion à l’hygiène et l’approche communautaire.
Des membres d’Aquassistance ont inauguré cette formation
Aquassistance est l'association de solidarité internationale des collaborateurs actifs et retraités du Groupe SUEZ. Depuis 1994, Aquassistance met à disposition les compétences de ses bénévoles, et du matériel pour soutenir des projets partout dans le monde. Elle apporte une aide aux populations vulnérables dans les domaines de l’eau, de l’assainissement et de la gestion des déchets, aussi bien sur des projets d'aide au développement qu’en situation d'urgence.
Découvrons les impressions de trois participants, de profil différent, sur cette formation.
Philippe FOLLIASSON, Délégué Général d’Aquassistance
Aquassistance intervient sur l'accès à l'eau, l'assainissement, la gestion des déchets dans les pays émergents, en urgence post catastrophe et également sur l'aide au développement pour un accès universel à l’eau.
Je suis Délégué Général d’Aquassistance mais également administrateur à l'OiEau, où je représente le groupe SUEZ. J'ai ainsi appris à vous connaître en interne à travers ce mandat-là.
Lorsque l'une de mes cadres dans l'équipe, novice dans le métier, a souhaité se former à l'eau, nous avons le catalogue de formation de l’OiEau, et j’ai découvert la formation « Eau & assainissement hygiène dans les pays du Sud ». Cette formation n'avait jamais encore été dispensée, faute de participants. Je suis venu avec toute mon équipe, ce qui a permis l’ouverture de la formation.
Pour les stagiaires qui connaissent le secteur, cette formation permet des rappels, ce qui est toujours bien. Pour les plus novices, c'est une formation de base.
L'occasion a fait le larron. Et puis il y a le plaisir de passer quelques jours à Limoges, qui nous change de la région parisienne !
Envisagez-vous une collaboration dans vos projets avec l’OiEau ?
Il y a aujourd'hui des demandes de renforcement de capacités dans ces métiers, dans les aspects techniques, mais aussi de mise en place et de gestion des services, d’exploitation, de maintenance du service… Des besoins émanent de nos maîtres d'ouvrage, petits opérateurs privés, locaux, émergents, mais aussi des ministères, des délégations régionales de l’hydraulique…
Et à ce titre-là, nous intervenons, pro bono, avec nos bénévoles sachants, qui ont fait de longues carrières dans le groupe SUEZ, sur quelques sessions de formation.
A un moment où certains pays vont vers une professionnalisation du domaine de l'eau, il y a de la place pour des professionnels comme l’OiEau, avec une montée en gamme des programmes de renforcement de capacités d'opérateurs professionnels.
En effet, après la constitution de comités de gestion villageois, qui est une première étape, on voit déjà la deuxième étape se profiler, avec l'émergence d’opérateurs privés locaux, ou publics, qu'il faut professionnaliser à tous les niveaux.
Des organismes comme l’OiEau peuvent intervenir dans le cadre de gros programmes d’assistance, qui bénéficient des crédits de bailleurs internationaux, pour contribuer à cette professionnalisation du secteur, avec des cursus peut être plus structurés.
Il y a la qualité des intervenants. Je ne connaissais pas Olivier (le formateur), il est très professionnel, avec un parcours assez incroyable, une connaissance des problématiques qui sont les nôtres, et celles des pays émergents. Mais surtout, il est capable d’expliquer les fondamentaux, et de savoir les adapter aux besoins du terrain et à divers types de projets sur lesquels on intervient.
Je dirais que c'est le meilleur des mondes parce qu'on a des gens qui connaissent les fondamentaux, les métiers, ont une longue expérience et qui connaissent aussi les pays dans lesquels on intervient. Donc c'est tout de suite transposable, opérationnel en termes de savoir-faire.
Patrice LALANNE, ingénieur SUEZ France, bénévole à Aquassistance
Je suis adhérent d’Aquassistance depuis 7 ans et bénévole depuis deux ans. J'ai un profil technique, ingénieur dans la conception et le suivi des travaux d'équipement d'eau et d'assainissement.
Mon objectif en participant à cette formation, c'était d'approfondir ma connaissance sur les techniques d'eau et d'assainissement dans les pays émergents, d'acquérir des retours d'expérience, des bonnes pratiques. Je connais bien le système conventionnel, mais les systèmes que l'on doit déployer dans ces pays-là sont complètement différents.
Est-ce que cette formation correspond à votre attente ?
On a vu la partie « Eau potable », que je maîtrise assez bien, notamment sur les techniques conventionnelles. Sur les techniques qu’on doit déployer dans les pays-là, c'était plus une révision de ce que nous avons déjà pratiqué, à Madagascar par exemple. Avec quelques exemples concrets dont Olivier, le formateur, a pu nous faire profiter, via son expérience passée.
Sur la partie « Assainissement », que je maîtrise moins bien (même si j’ai les bases universitaires pour les aspects conventionnels), la gestion de l'assainissement dans ces pays-là, comme les latrines, est une découverte.
Et puis, le fait de pouvoir profiter aussi du hall technique, c'est top. Pour les techniciens comme nous, c'est une caverne d'Ali Baba ! Avec plein de choses qu'on connaît, mais qu’on ne voit pas tous les jours.
C’est un outil de management énorme. Tout comme les plateformes pédagogiques de la Souterraine que nous allons voir demain, et que j’ai eu l’occasion de pratiquer lors de deux ou trois formations il y a une vingtaine d’années.
Delia MOULIN, chargée des affaires administratives, communication et adhérents, à Aquassistance
J’ai beaucoup de chance d’être ici : je connais l’OiEau depuis des décennies, c’est une référence. Une de nos salariées, nouvelle chez Aquassistance, a demandé une formation généraliste. Notre responsable, Monsieur Folliasson, a eu l'idée d'impliquer toute l’équipe permanente dans une formation de l’OiEau. Les membres de l’équipe ont ainsi la chance de tous suivre cette formation. C'est l'occasion de nous retrouver, de faire un peu de team building. On a aussi visité un de nos bénévoles, installé dans la région, qui intervient dans le domaine des déchets. Car Aquassistance a aussi un volet « Gestion des déchets » parmi ses domaines d’action.
Que vous apporte cette formation, en tant que personnel non technique ?Elle permet de consolider certaines connaissances que nous avons. Cela m'intéresse de pouvoir m’initier, de voir et manipuler du matériel. Olivier, le formateur, nous partage son expérience pratique en République centrafricaine notamment, et en Haïti. Je pense que mes collègues qui sont plus dans la réalisation, grâce à cette formation, vont avoir des idées d’amélioration, de pistes à approfondir, comme par exemple sur l'assainissement non collectif.
Nous organisons aussi, comme Philippe Folliasson le disait, nos propres formations, par des bénévoles pour des bénévoles. Cette formation de l’OiEau cumule en fait plusieurs de nos formations : hydraulique, assainissement, hygiène et santé, comités de gestion, ressources en eau… C'est complet, avec un éclairage différent.
Olivier le reconnaît lui-même : il faut s'adapter au terrain, car, dans les pays d’intervention, on ne peut pas tout faire comme dans les manuels.