Déploiement d’une GIRE dans des bassins pilotes au Cameroun

Publié le 01/06/23

Une délégation de membres de l’agence de l'eau Rhin-Meuse (AERM), dont son Directeur Général , Marc HOELTZEL et la 1ère vice-présidente du Comité de bassin, Audrey BARDOT, et de l’OiEau, dont sa Directrice de la coopération institutionnelle et technique, Stéphanie LARONDE, s’est rendue au Cameroun du 09 au 16 mai dernier afin de finaliser un protocole d'accord entre l’AERM et la Direction de la gestion des Ressources en Eau (DGRE) au sein du Ministère camerounais de l'Eau et de l’Énergie (MINEE).

Cet accord concerne le déploiement de mécanismes de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) dans des sous-bassins pilotes de la moyenne Sanaga.


Depuis 2019, l'AERM a en effet entamé une collaboration avec le MINEE via un projet d'incubation, pour partager son expérience en matière de gestion intégrée par bassin versant.

A l’issue de la mission, la signature du protocole et la suite du projet sont en bonne voie.
En effet bien que le protocole n’ait pu être signé durant la mission, le ministre s’est engagé à le signer prochainement, au cours d’une rencontre fructueuse.

De plus, de nombreux acteurs locaux et nationaux ont été rencontrés, notamment lors des réunions de concertation. Des actions à intégrer prioritairement dans la première convention opérationnelle ont ainsi pu être identifiées.

Nous avons bon espoir que cette suite de l'incubation du projet d'adaptation au changement climatique, adossée à la démarche de gestion intégrée des ressources en eau, aboutisse dans notre pays, notamment dans cette partie pilote du bassin de la Sanaga et du Nyong,

Nous souhaitons vivement que cette collaboration institutionnelle entre l'agence de l'eau Rhin-Meuse et le MINEE puisse aller de l'avant, pour que les perspectives que nous ébauchons aujourd'hui, avec ce protocole d'accord-cadre, soient déclinées très rapidement en des conventions opérationnelles biannuelles dans lesquelles nous allons davantage cibler les actions concrètes à mettre en œuvre dans cette zone pilote du projet.

Nous souhaitons vivement que cette coopération institutionnelle permette au Cameroun d'améliorer davantage son cadre réglementaire, au moment où notre pays vient d'adopter une politique nationale de l'eau, afin d'améliorer la gouvernance du secteur de l'eau.
Justin MADI VONDOU

Directeur de la Direction de la gestion des Ressources en Eau (DGRE) au sein du Ministère de l'Eau et de l’Énergie (MINEE)

Un point du vue du terrain sur l'importance d'une bonne concertation pour les usages de l'eau

La fermeture de l’écoulement par le barrage en amont fait que nous n’avons plus suffisamment d’eau pour nos cultures.
Depuis l'année dernière, ces fermetures deviennent récurrentes, il y en a presque chaque 3-4 mois, et elles peuvent durer plus d'une semaine. Et plus d'une semaine sans eau dans une parcelle, c’est grave, surtout en saison sèche. Et puis quand l'eau revient, c’est trop tard.
En saison pluvieuse, même quand ils ferment, pendant qu'il pleut, ça aide un peu. C'est vrai que ce n'est pas la quantité voulue, mais l'humidité est quand même là, à un certain niveau.

Les agriculteurs riverains qui font des champs sont aussi impactés, tout comme les pêcheurs : les variations d’eau les obligent à se déplacer, et tous n’ont la maîtrise de ces différents mouvements là. Il y en a qui se contentent de pêcher depuis la rive, qui ne s'aventurent pas au milieu du lit. D’ailleurs, les pêcheurs, il n’y en a presque plus, ceux qui étaient actifs de manière permanente se sont déplacés.

Seuls ceux qui extraient du sable n’ont pas de problème : baisser l’eau, ça leur permet même d’enlever plus rapidement le sable !


À notre appréciation, ce sont les mouvements de barrage qui causent les problèmes. Mais le barrage est aussi important que l'agriculture, parce qu’il produit de l'électricité. En fait, il faut être terre à terre, on ne peut pas demander et imposer aux gestionnaires du barrage que nous, on veut faire les champs maintenant, et qu’ils doivent donc arrêter leurs activités.


La seule solution qui nous arrange tous : nous devons travailler en synergie. Ça veut dire que nous devons être au même niveau d'information. C'est ça qui va nous arranger : nous, on va produire au moment opportun, et eux, ils vont mener leurs activités. Et puis chacun sera satisfait c'est ça qui me semble raisonnable. Pour cela, nous avons proposé que les gens du barrage fassent un calendrier et qu’ils le mettent à notre disposition. Cela nous permettrait de caler nos campagnes de culture, en sachant qu'à telle période, on n'a pas d'eau, et qu’a telle autre, on a l'eau.
Emmanuel OLINGA

Agent du Ministère de l’agriculture et du Développement Rural, en charge du Centre de Formation en riziculture d’Avangane à Nkoteng (Haute Sanaga)

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